Dans le Miroir du Risèd...

Dans le miroir du Risèd…

Livre I - Lucy
Partie 1

Aujourd’hui était un jour qui pouvait sembler ordinaire. La brise soufflait dans mes cheveux longs et noirs. Les oiseaux sifflotaient gaiement, les roses pliaient sous le poids de cocons blanchâtres, et le ruisseau coulaient en un doux murmure cristallin. Aujourd’hui, j’étais chez les Austen. Ma mère et mon père étaient là pour affaires… Ils travaillaient tout deux au département de la Justice Magique, au Ministère. Mr et Mrs Austen avaient déposé plainte contre leurs voisins, les Wadner. Je m’étais rendue plus profond, dans la campagne, pour échapper à mes parents. Plus qu’une petite demi-heure. Encore une demi-heure, et ils étaient encore en pleine discussion. Je revins sur mes pas, pressant ma piètre cadence. Encore une demi-heure… Il ne restait plus beaucoup de temps. J’aperçus leur petite chaumière, au loin. Plus qu’une demi-heure… Le temps nous manquait. Plus qu’une demi-heure, et j’entrais dans le Poudlard Express, le train pour Poudlard, l’école de sorcellerie… Ma première année.

• • • • •

Je me pressais, tirant avec peine mon lourd chariot. La voie 9 ¾ n’était plus bien loin. Une famille était postée devant un mur, encadré par les numéros neuf et dix. Seul un garçon semblait près à le traverser. Son chariot contenait dans l’ensemble, les mêmes paquets que le mien. Il courut et traversa le mur.
« Ce doit être la voie 9 ¾, et lui devait être un sorcier… » me dis-je.

Je courus pour tenter de le rejoindre, et traversais moi aussi le mur, sans m’en rendre compte. Par-delà la pierre, un drôle de tintouin retentissait. Des tas de gens étaient rassemblés sur un immense quai de gare, où une locomotive rouge vif était arrêtée. Je me rendis du côté des soutes à bagages, et un charmant jeune homme qui semblait avoir vers les seize ans m’aida à porter mes bagages avec le reste. Je ne gardais avec moi qu’un livre pour le voyage. J’espérais que ça n’allait pas être trop éprouvant…

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Je jetais un œil au livre que j’avais gardé. C’était totalement au hasard que je l’avais choisi. Par chance, le sort avait désigné les fameux « Contes de Beedle le Barde ». Je me jetais avec ravissement dans la lecture de cet ouvrage, que j’affectionnais particulièrement étant enfant. J’étais une sang-pure, certes, mais pas totalement obnubile par mon rang. Même pas du tout Soudain, on frappa à la porte du wagon vide dans lequel je me trouvais. Un garçon qui semblait aussi intimidé que moi à l’idée de franchir le seuil de cette si fameuse école pointa le bout de son nez. Il était plutôt de taille moyenne, des cheveux en épis, et me regardait avec des yeux noisette piqués d’or.
- Pardonne-moi de t’avoir dérangée… commença-t-il. Mais tous les compartiments sont pleins… Je peux m’assoir ?
- Oh… oui. Oui, bien sûr ! Il y a toute la place que l’on veut, ici…
- Effectivement, ce n’est pas la place qui manque, remarqua-t-il.
- Hum… au fait, moi c’est Lucy. Lucy Stevens. Je vais entrer en 1ère année. C’est assez intimidant, je dois dire.
- Oui, c’est horrifiant ! Moi aussi je suis en 1ère année. Clément Carter.
- Clément ? Ce nom sonne français, non ?
- Oui, mais c’est normal… Ma mère est française, et mon père est britannique. Elle s’appelle Lucie, comme toi. Mais sans le y. Mon père s’appelle David. Ils travaillent au Chicaneur, pour Mr Lovegood. Il commence à se faire vieux, il a besoin de main d’œuvre.
- Oui, bien sûr… Mes parents travaillent au Ministère. Ce n’est pas moi qui travaille, mais ça m’épuise… Je dois toujours venir avec eux lors de leurs déplacements, et c’est à vous rendre fou ! Nous avons déménagé par moins de quatre fois en moins trois mois… J’espère que nous allons rester ici. Mais ce n’est pas sûr, ils ont eu récemment l’idée de s’installer en France, et de m’envoyer à Beauxbâtons à la place !
- Je suis désolé…
- Oh, tu sais ça ne me fait rien ! Et puis après tout…

On frappa de nouveau à la porte. Je me tournais en sa direction, et aperçu un autre jeune garçon qui faisait à peu près ma taille. Deux yeux foncés étaient braqués sur moi. Je lui suggérais…
- Entre ! Assieds-toi… tu ne vas pas rester là à nous regarder, voyons ! Lucy Stevens… ravie de te rencontrer. Tu es… ?
- Raphaël Newton, à votre service, gente damoiselle.
- Je suis Clément Carter, ajouta-t-il.
- C’est français, ça, non ? interrogea Raphaël.
- Oui, je sais…

Je me mis à rire, Dieu seul sait pourquoi. Quelle drôle de petite bande nous faisions… Les rencontres hâtives dans les trains peuvent aller très loin. Nous en avions un bel exemple : Harry James Potter, Ronald Bilius Weasley et Hermione Jean Granger. De vrais combattants… Mais ma préférée était Luna. Luna Lovegood… elle, ils l’avait rencontrée dans une calèche pour se rendre au château. Vive les moyens de transport !
- Donc, si je comprends bien, nous entrons tous les trois en 1ère année ? ajoutais-je. Je suis plutôt inquiète… J’ai peur d’aller à Serpentard !
- Ne t’en fais pas, je suis sûre que tu n’iras pas… Dans ma famille, tout le monde est allé à Gryffondor. Du plus ancien de mes ancêtres, jusqu’à mon frère aîné, précisa Clément.
- Tu en as de la chance… mais, dans ma famille, presque tout le monde est allé à Serpentard. Je descends des Black… Voilà pourquoi j’ai peur, dis-je.
- Tu… descends… des Black ? Waouh… pardonnez-moi, Milady, de vous avoir traitée comme une simple élève, lança Raphaël.
- Mais je ne suis pas une Lady, voyons ! protestai-je.
- Les Black sont une des plus nobles familles de sorciers du monde entier, Lucy…
- Peut être bien… mais nous sommes arrivés.

Le train venait de se stopper. Un demi-géant nous attendait sur le quai. Un portait une dense barbe noire, mais avait de doux traits. Il tenait une grosse lampe à pétrole dans sa main gauche, et dirigeait les élèves avec l’autre main. Les premières années comme nous se dirigeaient vers un embarcadère, tandis que les autres élèves prenaient des calèches. Je m’aperçus alors, sur ces calèches…
- Oh ! Des Sombrals ! Regardez… les calèches, là-bas ! Ce sont des Sombrals qui les tirent ! Comme ils sont beaux…
- Mais de quoi parles-tu, petite ? Tout le monde sait que ces calèches avancent toutes seules par magie… me réprimanda un préfet.
- Mais si, je vous assure que…
- Avance, petite. Tu vas être en retard pour ta répartition.
- Oui, pardonnez-moi…

J’avançais, fusillant le préfet du regard. Il piqua une crise de rire lorsqu’il me vit partir. Pourtant je savais qu’ils existaient… Il ne devait avoir perdu personne dans sa famille, ce chanceux. Les barques n’étaient plus très loin. Il y en avait huit barques. Cinq élèves par barques, sachant qu’il y a toujours quarante nouveaux élèves par an… C’est juste. Je me préparais à monter dans une barque, mais Raphaël et Clément vinrent m’aider à monter. Ils se comportaient en véritables gentlemen simplement parce que je descendais des Black… C’était très gentil. Mais vraiment, j’étais loin d’être une Lady ! J’étais juste… Lucy Stevens.

• • • • •

La traversée fut plus rapide que je n’aurais pu l’imaginer. Des préfets nous attendaient sur le rivage. Ils amarrèrent nos embarcations et nous demandèrent d’avancer. J’étais près de Clément et Raphaël. Nous chuchotions, un peu en retrait des autres élèves.
- Je ne sais pas si je vais tenir… il y a beaucoup trop de tension ! L’atmosphère est insupportable… dit Clément.
- Ne t’en fais pas Clément, tu iras à Gryffondor, c’est ton destin… Oh, pas à Serpentard, s’il vous plait, pas à Serpentard… S’il y a un ange qui veille sur la nièce de Nymphadora Tonks et Remus Lupin, qu’il intervienne maintenant… murmurais-je.

Raphaël ne put s’empêcher de pousser un petit cri de stupeur. Il me regarda avec deux yeux complètement exorbités que je m’éfforçais de ne pas regarder pour ne pas pouffer de rire.
- Tonks et Lupin ? C’est de mieux en mieux, Milady !
- Je t’ai déjà dit de ne pas…

La directrice de l’école me coupa. Décidemment, je n’avais guère de chance. Je n’avais pas souvent eu l’occasion de finir une phrase… Mais je l’écoutais avec la plus grande attention.
« Mes chers élèves, je vous souhaite la bienvenue à Poudlard, l’école de sorcellerie. Tout au court de l’année, vous aurez l’occasion d’apprendre les bases de la magie… Sachez que c’est un don qu’il ne faut pas gâcher. Je compte sur vous pour en faire bon usage ! Mais avant… vous serez répartis dans l’une des quatre Maisons. Gryffondor, pour les braves. Poufsouffle, pour les travailleurs. Serdaigle, pour les sages. Enfin, Serpentard, pour les fourbes… Mais c’est l’heure. Lorsque vous franchirez cette double porte, vous vous dirigerez droit devant. Vers le Choixpeau. Ensuite, je vous appellerais un à un et vous viendrez vous assoir sur le tabouret. Allons-y… »

Nous pénétrâmes dans une pièce aussi imposante et intimidante, que magique et magnifique. Des chandelles suspendues par magie dans un plafond étoilé nous indiquaient le chemin, tandis qu’une large table nous faisait face, avec nos futurs professeurs. Nous y trouvions le professeur Londubat, un grand ami de ma famille, ainsi que le professeur Quirell, qui, après avoir été reconstitué de ses cendres par de grands mages, était revenu enseigner la Défense Contre les Forces du Mal. Mais à mon grand regret, le professeur Severus Rogue n’était pas là… Mort il y a bien des années déjà, tué par Voldemort… Je ne l’ai pas connu, mais dans les livres, il est décrit comme quelqu’un de tellement brave, et de tellement honnête que je regrette d’être née après sa mort. Je réfléchissais tellement, le nez dans les étoiles du plafond, que je manquais de trébucher, mais je me rattrapais de justesse. Nous étions arrivés à une estrade, où un chapeau à la forme incertaine trônait sur un tabouret bancal. La directrice s’avança et déroula une longue liste de noms. Elle s’éclaircit la voix, et commença à les énumérer, un par un.
« Lily Luna Potter ! »
Une petite fille aux longs cheveux roux s’avança sur l’estrade. Elle était hésitante, stressée et mal à l’aise. Ca se voyait à son regard… La directrice plaça le Choixpeau sur sa tête, et il déclama haut et fort :
« Serdaigle ! »

J’applaudis. D’autres élèves passèrent ensuite… Il y avait beaucoup de Serpentard. J’espérais de tout mon cœur que je n’irais pas là-bas ! Puis vint le tour de Clément. Je lui souhaitais bonne chance, et tortillait mes doigts pour évacuer la tension. Je ne stressais pas pour lui, au contraire, je savais bien qu’il finirait à Gryffondor. Non, je stressais pour moi. Descendante de la lignée Black, et faisant partie de la branche des déshérités… Je n’aurais pas pu imaginer pire ! Mais bon… j’écoutais le choix du Choixpeau, avec confiance.
« Gryffondor ! »

J’applaudis. La directrice poursuivit la liste. Ce fut à présent mon tour. Le moment de vérité était arrivé… Je m’avançais à pas lourds et hésitants sur l’estrade, et m’assis doucement sur le tabouret. Au contact du Choixpeau sur ma tête, tout s’embrouilla. Mais je m’apaisai lorsque j’entendis…
« Gryffondor ! »

Je me levai d’un bond et partis rejoindre ma table, le rouge aux joues. Ce fut avec joie que j’étreignis Raphaël lorsqu’il vint nous rejoindre. Mais la directrice n’avait pas fini, il fallait encore faire passer des élèves. Je reconnus alors Scorpius Malefoy, à la table des Serpentard. Il faisait malheureusement partie de ma famille… Mais il était plutôt séduisant, à dire vrai.

Le moment était venu d’aller nous coucher. Nous dûmes monter tous les escaliers, notre salle commune se trouvant au dernier étage… Quel ennui ! Lorsque nous pûmes enfin nous coucher, je ne fis même pas attention aux lieux, et m’écroulais comme une masse sur le lit portant mon nom. J’étais près de la fenêtre. Je me rendis compte que j’étais dans le lit qu’avait occupé la célèbre Hermione Granger. C’était pour moi un véritable honneur, mais je n’eus pas le temps d’hurler de stupeur que je tombais dans un profond sommeil, bien mérité.

• • • • •

Le lendemain matin fut annoncé par le chant des rossignols que Catherina D’Erag, une première année, comme moi, avait reçu de la part de son petit ami. Nous nous réveillâmes une par une… Je pus alors admirer le dortoir comme il se devait. Les lits étaient placés en cercle autour d’un poêle en cuivre. Nos baldaquins étaient parme, tout comme nos dessus de lits, et nos noms étaient brodés dessus au fil d’or. Je me précipitais à ma fenêtre, et m’aperçus alors de la magnifique vue qu’on avait. Je me rendis compte, aussi, qu’on avait mis mes livres dans ma table de chevet, ainsi qu’un joli ruban rouge vif que je mis dans mes cheveux emmêlés. Je partis dans les douches faire un brin de toilette, puis revins pour m’habiller, pour sortir enfin des dortoirs. Je réussis à intercepter Clément et Raphaël sur le chemin de la Grande Salle.
- Ça fait tellement drôle d’être à Gryffondor… en plus je suis à la place d’Hermione Granger ! Je n’arrive pas à y croire… j’ai l’impression que c’est un canular !
- Eh bien… fantastique ! Mais on ne dit plus bonjour, Milady ? demanda Raphaël.
- Fais comme si j’étais une Lady si tu veux, mais hum… voilà, quoi. Bonjour vous deux ! dis-je, un peu en retard.
- Salut. Bien dormi, vous deux ? questionna Clément.
- Oui, très bien… je me suis écroulée comme une masse sur mon lit, hier soir ! Je me demande si j’ai ronflé…
- Ce n’est pas digne d’une Lady ! contra Raphaël.
- Raphou ! Heu… tu permettes que je t’appelle Raphou ?
- Oui, bien sûr, Lucy…
- Et bah tu vois ! Ce n’est pas si difficile de m’appeler par mon prénom…
- Si on parlait d’autre chose ? Je ne me sens pas très bien… déclara Clément.
- Tu as mal dormi ? Tu as envie de vomir ? Qu’est-ce qu’il y a ? m’enquis-je.
- Je… on peut aller ailleurs ? Je n’ai pas faim… je vous raconterais dans la salle commune.
- Oh, c’est pas vrai… ne me dis pas qu’on va devoir remonter toutes ces marches ?
- Je connais un raccourci…

La voix qui avait lancé cette dernière phrase ne m’était pas familière. Ce fut avec joie que je reconnus une petite rouquine aux yeux d’opale devant nous. Je lui souris, et m’approchais d’elle, un peu hésitante.
- Lily… Lily Potter. La fille d’Harry Potter… c’est un honneur de te rencontrer ! Lucy Stevens… mais, hum… comment se fait-il que tu connaisses les raccourcis ? Tu n’es ici que depuis hier, comme nous…
- Oui, mais j’ai la Carte du Maraudeur, que mon père m’a légué.
- Et où est ce raccourci ? dit Raphaël.
- Suivez-moi…

Nous commençâmes à la suivre, mais j’aperçus Scorpius du coin de l’œil. Il était seul, les mains dans les poches, en plein milieu du couloir. Il me regardait. Je laissais alors Lily, Clément et Raphaël partir devant, et me dirigeai vers le Serpentard. Son regard était perdu dans le mien, et inversement… Plus je m’approchais de lui, plus je me sentais godiche et maladroite. Lorsque je fus plantée devant lui, droite comme un barreau de prison, je ne me rappelai même plus mon alphabet.
- Salut, Stevens… qu’est-ce que tu fais ici alors que tu devrais être en train de prendre ton petit déjeuner ?
- Je… je pourrais te redourner la question !
- Tu veux dire me retourner la question, je suppose… moi je surveille les couloirs.
- Tu veux plutôt dire que tu attendais que je passe pour pouvoir jeter ton dévolu sur moi ! Je t’ai vu me faire les yeux doux, hier soir… ça ne prend pas ! En plus tu es en 2ème année, et on est de la même famille ! Alors fiche-moi la paix…
- De la même famille ? Mais tu as fumé quoi, Lucy ? Je suis un sang pur, et toi t’es un traître à ton sang …
- Je suis la nièce de Nymphadora Tonks et Remus Lupin, Scorpius. Je fais partie de la branche des déshérités… tandis que tu as un père qui a fait souffrir des tas de gens ! Nous sommes de la même famille, et ça me dégoute… au revoir, Scorpius !

Il me retint fermement par le bras. Nous étions seuls, pourtant je m’époumonais dans des SOS inutiles… Il me fit tournoyer et je me retrouvais collée à lui, contre son torse, sculptural malgré ses 12 ans. Je le frappai de toutes mes forces pour qu’il me lâche, mais il ne voulait rien entendre. Il me fixa droit dans les yeux, et approcha ses lèvres lentement des miennes. Je sentais son souffle chaud réchauffer mon visage blême… Je fermais mes yeux, et me laissais faire… il était trop tard pour reculer, mais je trouvais le moyen de m’enfuir, alors que nos lèvres allaient bientôt entrer en contact. Je courus à toutes jambes et partis à la recherche de mes amis. Je savais bien que Scorpius était à mes trousses… Je tentais d’ouvrir toutes portes, une par une, mais elles étaient presque toutes verrouillées. Puis je me risquais à aller aux sous-sols. Il faisait sombre, je ralentis la cadence. Je m’approchais d’une porte massive, en bois, que j’essayais d’ouvrir. J’en essayais plusieurs autres à la suite… Elles étaient toutes fermées. Mais au bout d’un long corridor, une porte était entrouverte. Je m’en approchais, lançant un Lumos pour y voir un peu plus clair. Je poussais la porte de quelques centimètres, et me glissais dans l’ouverture. Il ne fallait pas éveiller de soupçons. En revanche, j’étais parvenue à semer Scorpius en chemin. Mais il me semblait bien, en cet instant précis, que j’avais changé d’objectif, en venant ici… Je n’étais plus là pour me cacher. J’étais là pour savoir ce que faisait le Miroir du Risèd au milieu d’une pièce totalement vide, et sans fenêtres, dans les sous-sols de Poudlard… Soudain, j’entendis des murmures. Ils semblaient lointains, mais je savais qu’ils étaient dans cette pièce… Je m’approchais alors du Miroir…
- Aidez-nous… Sauvez-nous… dit une voix.
- Nous sommes des prisonniers… lança une autre.
- Libérez-nous du Miroir…
- Mais que dois-je faire ? Pourquoi êtes-vous ici ? demandai-je, affolée.
- Le Lord Noir nous a emprisonnés ici il y a des années…
- Vous voulez dire « Lord Voldemort » ou alors, « Le Seigneur des Ténèbres »…
- Oui… nous oublions tout… nous sommes des âmes en perdition… aidez-nous…
- Je ferais de mon mieux… mais vous êtes les âmes de qui, exactement ?
- Nous avons perdu notre identité au fil des ans… mais sais-tu si les Ronflaks Cornus sont bien traités ? Et les Sombrals ?

Je blêmis encore d’avantage. Je me reculais à petits pas, ne prenant même pas garde à me cogner dans quelque chose… J’étais totalement bouleversée. Les larmes me montaient aux yeux, j’avais très peur…
- Luna… non… pas toi !

Soudain j’entendis la porte se refermer violemment. J’accourus, mais elle refusait de s’ouvrir. Même avec tous les Alohomora de la Terre, je n’aurais pas réussi… Je m’acharnais dessus, pleurant à chaudes larmes et me fracassant le poignet… elle ne voulait rien entendre. Je m’en résolus à ma dernière solution…
- Deprimo !

Le résultat ne ressembla en aucun cas à celui escompté. Le sortilège rebondit sur la porte, et me projeta en arrière. Je percutais le miroir, et me retrouvait parterre… Mais soudain je me sentis comme fondre, au sens propre du terme. Je ne devins plus que poussière, et me fis aspirer dans le Miroir. J’avais rejoins les prisonniers…

Nous étions au 4ème étage… Lily nous emmenait vers un passage secret, qui semblait vraiment très secret. Je ne savais même pas où il pouvait se trouver, bien que je connaissais Poudlard comme ma poche, à force d’entendre mes frères en parler. Elle savait où elle allait, c’était certain. En revanche, nous nous perdîmes un peu dans les escaliers. Elle retrouva rapidement le chemin, et nous continuâmes notre route dans le couloir du 4ème étage. Au bout, il y avait une statue représentant Harry Potter… son père. Quelle chance. Si mon père avait été aussi si célèbre, j’aurais été aux anges. Mais ce ne doit pas être facile tous les jours…
- Le passage secret est dans la statue. Il y a une trappe, là… annonça Lily.
- Nous te remercions Lily. C’est très gentil… lui dit Raphaël. Mais heu… Clément ?
- Oui ? répondis-je, alors que j’étais déjà à moitié dans l’ouverture.
- Où est Milady ?
- Alors ça… oh, bon sang ! C’est vrai ! Elle est où ?... Bon, ça commence à devenir inquiétant… je vais vous dire ce qui me rendait si mal tout à l’heure. J’ai justement rêvé que le Miroir du Risèd était à Poudlard, et que des âmes étaient emprisonnées dedans… Ensuite, dans mon rêve, Lucy se faisait prendre dans le piège et se faisait emprisonner elle aussi…
- Mais c’est impossible ! dit Lily. Le Miroir du Risèd a été détruit il y a, hum… attendez… il y a 21 ans !
- Je sais, mais rien n’est impossible… tant pis pour le passage secret. Merci beaucoup, Lily, mais on a une amie à aller sauver !
- Je sais où elle est…

Je me retournais, sortis du passage secret, et aperçus Scorpius Malefoy. Il était posté devant moi, et semblait aussi inquiet que moi.
- Je ne te crois pas, Malefoy… lui dit Raphaël.
- Comment se fait-il que tu le saches, alors qu’elle était avec nous ? le repris-je.
- J’étais également avec elle. Elle était venue me voir, me demander des comptes… Je… enfin, la suite n’a pas d’importance. Ensuite, elle s’est enfuie, et est allée dans les cachots, au sous-sol, dit Malefoy.
- Mouais… tu m’as l’air honnête. On va aux sous-sols ! annonçais-je. Lily, merci beaucoup… je n’ai pas envie que tu sois mêlée à tout ça. Tes parents ont eu des tas d’ennuis à Poudlard, dès la première année, alors je suggère que tu sois préservée de tout ça. Va retrouver tes frères, et tes amis à la Grande Salle…

Nous partîmes dans une direction, Lily dans une autre. Les cachots n’étaient pas tout à côté… qui nous nous dépêchâmes, courant le plus vite possible. Argus Rusard ne pu même pas nous intercepter tellement nous étions rapides… Raphaël tenait tellement à retrouver sa « Lady »… Moi, je tenais à retrouver une amie.

• • • • •

Les cachots. Les portes en bois qui nous entouraient étaient toutes fermées à clé. Mais une porte, au fond du couloir, semblait plus… enfin… différente des autres. Nous nous avançâmes prudemment. Raphaël s’avança un peu plus. Soudain, il nuage de fumée noire envahit l’endroit. Deux silhouettes se distinguèrent alors, menaçantes. On n’y voyait plus rien…
« Lumos ! » lança Raphaël.
Sa baguette pointée sur l’une des deux silhouettes, lorsqu’elle s’alluma, il reconnut avec effroi la face terrifiante de Greyback. Alors il avait survécut… Je lançais un autre Lumos, pour éclairer la deuxième silhouette. Il était flanqué d’une jeune femme que nous ne connaissions pas… Mais à regarder de plus près, elle ressemblait comme deux gouttes d’eau à Bellatrix Lestrange.
- Greyback… déclama Raphaël.
- Et Druella Lestrange, jeune homme… déclara-t-elle.
- La fille de Bellatrix ? demandai-je.

Elle hocha la tête. Je m’en doutais… Je les regardai lentement, un par un. Druella, Greyback, Druella, Greyback. Puis Raphaël et moi nous dévisageâmes, venant de se rendre compte de la situation. Nos visages blêmirent simultanément, et nous poussâmes d’un même souffle, un hurlement de terreur. Je partis me caler dans un coin, à l’abri des mangemorts.
« Ah non, je ne serais pas comme Ron Weasley… je me battrais jusqu’au bout ! » grinça Raphaël.

Il engagea le combat, fier et agile. Il était encerclé par les mangemorts, mais s’en tirait comme un chef. Il était parvenu à mettre Greyback hors-jeu, et tout ça en contrant les sortilèges interdits de Druella. Le corps inanimé du mangemort gisait près de moi. Je me reculais un peu, honteux de laisser Raphaël terrasser ces adversaires seul…
- Tu es un coriace, petit, mais je t’aurais… comme les autres ! dit Druella.
- Je vous empêcherais de nuire, Druella… vous ne toucherez pas à un seul cheveu de mes amis, ou de ma famille… c’est compris ? Je vous aurais, Lestrange !
- Oh… courageux, qui plus est ! Tu me plaies bien, toi… et tu es ?
- Je suis celui qui va vous anéantir, Druella… Raphaël Newton !!

Il lança alors un sortilège tellement puissant qu’il transperça la porte verrouillée. Alors, Scorpius arriva…
- Tu sais, petit… il vaudrait mieux apprendre à viser avant d’affirmer qu’on va détruire la plus noire des sorcières de tous les temps ! Ah, ah, ah ! ricana-t-elle.
- Oh, non… croyez-moi, j’ai bien fait…

Je me levais discrètement, et partis dans la salle du Miroir. On l’apercevait de loin, mais je m’en approchais de près. Il était brisé… sans doute le sort puissant de Raphaël avait-il touché le Miroir du Risèd sans le vouloir. Je me postais alors devant, pensant à ce que je voulais absolument voir dedans… Des âmes libres. Toutes ces âmes libres… L’âme de Lucy, aussi…
Il y eu comme un éclair, puis une sorte de nuage opalescent sortit du Miroir. Des formes se matérialisèrent autour de moi, dans toute la pièce. Un sourire grand comme ça éclaira mon visage… Je reconnus certaines personnes célèbres, tels écrivains ou joueurs de Quidditch. Luna Lovegood, Victor Krum, Parvati Patil, et dans un coin, ébahie, Lucy. Elle fixait quelque chose, ou quelqu’un… J’aperçus alors Scorpius se précipiter vers elle et la prendre dans ses bras… La moutarde me monta alors au nez lorsque je les vis s’embrasser… Comment les pires ennemis peuvent devenir amoureux ? Ca reste encore un mystère à éclaircir… Mais au moins, elle était sauve, c’était ça le plus important. Je repartis voir Raphaël, qui combattait avec ardeur contre Druella. Elle ne semblait pas se fatiguer… Lucy revint alors, soulagée. Druella en profita pour jouer la carte du chantage… Elle la saisit, et la retint fermement, sa baguette presque plantée dans la chair de ma pauvre amie…
- Tu te rends, ou je la tues…
- Je… Lucy… bafouilla Raphaël.
- Ne te rends pas ! Continue le combat… hurla Lucy.
Druella enfonça un peu plus profond sa baguette dans son cou. Elle contenait sa douleur… Raphaël allait jeter les armes, je le sentais venir.
- Raphaël, bas-toi ! Le combat n’est pas fini…

Druella m’envoya valser dans le décor. Je me réceptionnais dans un mur de pierre, et fis de mon mieux pour ne pas perdre connaissance. Raphaël déposa sa baguette à terre. Un éclat de vilénie brilla dans les yeux de Druella…
- Sectumpsempra !

Raphaël se retrouva projeté à côté de moi, baignant dans son sang, avec une plaie ouverte sur le torse. Je me jetais sur lui, pour le soigner…
- Et quant à toi, ma chérie… tu ne pensais pas t’en sortir indemne, pas vrai ?
- Laissez mes amis, et ensuite vous aurez tout le loisir de me dépecer morceaux par morceaux, Druella… Laissez partir mes amis, et les autres.
- Tu n’es pas assez méritante pour que je te fasse souffrir. Espèce de traitre à son sang…

Elle la jeta machinalement parterre, puis pointa sa baguette sur Lucy. Elle la regarda, avec impuissance, comme tous ceux qui étaient présents ici. De petites plaies s’étaient ouvertes sur le joli visage de Lucy… Je venais de finir de soigner Raphaël. Il se releva d’un bond…
- Vous ne l’aurez pas… on va vous en empêcher ! hurla-t-il.
- Tu es sûr ? Je ne crois pas, moi… Avada Ke…
- Expelliarmus !

Scorpius… c’était Scorpius… Il venait de jeter un puissant sort, qui arracha la main de Druella en plus de lui enlever la baguette. Elle s’effondra, sur le corps de Greyback… Tout le monde était stupéfait. Scorpius l’était aussi.
- Ca c’était pour avoir blessé Raphaël…

Il écrasa la baguette de Druella, ainsi que la main qui était toujours accrochée à son poignet.
- Et ça c’est pour avoir tenté de tuer Lucy…

Tout le monde l’applaudit. Lucy se releva. Elle accourut auprès de Raphaël, pour voir s’il allait mieux. Ensuite, elle aida les autres. Lorsqu’elle vit Scorpius partir, elle le suivit, puis à un tournant, l’embrassa passionnément.
- Merci… merci infiniment. Mais pourquoi avoir dit « Pour avoir blessé Raphaël » ?
- Tes amis sont mes amis, Lucy. Même… même les Gryffondor.
- Ravie de te l’entendre dire. Tu m’as prouvé ton courage, Scorpius… je ne peux pas le nier. Même si c’est quand même Raphaël, le véritable héros de cette histoire…
- Peu importe. Je t’aime.
- Moi aussi, je t’aime, Scorpius…

Et ils s’embrassèrent une fois encore. Moi, je m’en retournais vers Raphaël, qui était acclamé par la foule. Il était soulevé, enlacé, embrassé, tout ce que l’on mérite lorsqu’on vient de mener un combat tel que le sien. J’entendis de petits pas pressés, que je connaissais bien, en notre direction. Lucy était de retour. Elle se jeta sur moi, et m’étreignis de toutes ses forces. Puis elle jeta son dévolu sur Raphaël, qui ne pouvait presque plus respirer.
- J’ai les deux meilleurs amis que l’on puisse avoir… vous êtes venus pour moi, et vous avez risqué votre vie pour une simple fille que vous avez rencontrée dans un train… Merci. Merci du plus profond de mon cœur !
- Tu es aussi notre amie, Lucy. On tient à toi… on ne t’abandonnera pas.
- En tout cas, je ne sais pas ce que vous en pensez, mais je crois que nous avons trouvé notre nouveau trio célèbre, pour Poudlard… déclara Luna. J’ai bien connu Harry, Ron et Hermione, et vous leur ressemblez tellement… Retournez à la Grande Salle. Il doit se faire plus tard que ce que vous pourriez imaginer. Nous allons sortir… je connais un passage secret. Allez, avec moi ! Laissons-les…

Nous lui sourîmes. Je me dirigeai alors vers Scorpius, un peu hésitant.
- Merci, Scorpius. Tu nous as tous sauvés… je crois que je me suis trompé sur le compte des Serpentard. Certains sont plus honorables qu’il ne peut y paraître…
- Et les Gryffondor, aussi… corrigea-t-il.
- Bon, sans vouloir vous offenser, tout ça m’a donné faim ! dit Lucy.

Et nous rîmes tous ensemble, en partant célébrer la paix entre les Gryffondor et les Serpentard, grâce à Lucy Stevens, Raphaël Newton, et moi, Clément Carter…